La campagne présidentielle aurait-elle commencé ? La question est posée à Xavier Bertrand, invité d’ICI 19/20 ce lundi 5 février. Dans cet échange, le président de région revient sur sa candidature à la présidentielle 2027, tout en fustigeant le Rassemblement National, qu’il continue d’appeler Front National. Extraits.
Vous êtes donc prêt à quitter la région pour l’Elysée ?
Xavier Bertand : 2027, c’est dans trois ans, j’ai encore largement le temps de consacrer toute la passion qui est la mienne à cette région, ma région. En 2021, j’ai déjà entendu ce débat et j’avais indiqué que si j’étais élu président de région, je serais candidat à la présidentielle. Tout cela n’a pas empêché les électeurs de me reconduire à la tête de la région.
Mais alors pourquoi déclarer votre candidature dès maintenant ?
X.B : Parce que j’ai un principe : si on me pose une question, je veux y répondre le plus directement possible. Dans le temps, j’aurais peut-être tourné autour du pot, j’aurais fait un peu de langue de bois. Les journalistes de Ouest France m’ont posé la question, j’ai répondu oui, je serai candidat. Je l’ai dit très clairement et c’était important pour mes amis de « Nous France » (son mouvement politique, NDLR) qui me disent : « on se bat avec toi sur les idées que tu portes, le travail, les classes moyennes, les territoires… mais on fait ça pour quoi ? » Je leur ai dit qu’il était temps de se mettre au travail et que c’était aussi notre objectif. Enfin, avec mon expérience en région, j’ai appris que c’est au niveau national que les choses se règlent. Vous voulez qu’on sorte des problèmes avec les migrants à Calais ? Ces drames en mer ? La façon dont les habitants du Calaisis subissent le trafic des passeurs ? C’est au niveau national que ça se règle.
Et cette candidature, en avez-vous discuté avec le patron de votre formation politique, Eric Ciotti ?
X.B : La réponse est non. Je suis encore adhérent des Républicains mais je me place dans une démarche de totale liberté. Je dois rendre des comptes aux 6 millions d’habitants des Hauts-de-France, un parti n’est pas un régiment. Et la présidentielle est une rencontre avec les Français.
Cette rencontre ne s’est pas faite la fois dernière. Pourquoi se ferait-elle aujourd’hui ?
X.B : La fois dernière, je n’ai pas pu aller jusqu’au bout, je suis rentré dans une primaire et certains de mes amis m’ont dit que ça allait être un coupe-gorge. Je n’ai pas réussi à sortir vainqueur, j’ai fini en quatrième position à quelques centaines de voix près. À l’époque je n’avais pas la force d’éviter cette primaire. Aujourd’hui, j’en ai marre d’entendre dans les cercles parisiens, politiques et journalistes, que ça y est, l’élection est tranchée, Marine Le Pen va l’emporter. C’est le même film qu’en 2015 alors que dans la région tout le monde annonçait Marine Le Pen présidente de région. Et bien, ce ne sera pas au tour de madame Le Pen en 2027. Je sais qu’il ne s’agit pas seulement de s’opposer aux idées du FN mais bien de proposer des choses autour de l’autorité, du travail, de l’avenir des jeunes… ce qui est mon ADN. J’ai un projet pour la France comme aujourd’hui j’en ai pour la région.
L’autorité, le travail, ce sont des thématiques mises en avant la semaine dernière par Gabriel Attal. Vous vous retrouvez sur ces points ?
X.B : On verra s’il y a des résultats. De notre côté, ils existent. On a réussi à transformer la région. Je me suis battu avec mon équipe pour la transformation industrielle, les batteries électriques, les EPR, 8 000 emplois directs en plus à partir de 2026 et je me suis battu à une époque où le programme nucléaire était en pause ! Je vais aussi me battre pour dénoncer l’hypocrisie et la duplicité du FN. Hier, Jordan Bardella dit qu’il est d’accord pour que les personnes au RSA travaillent 15 heures par semaine, alors que son parti a voté contre à l’Assemblée Nationale. Il y en a marre de cette duplicité.
Mais comment combattre le RN en 2027, sans courir après ses idées ?
X.B : En étant nous-même : la droite gaulliste, une droite de rassemblement. Comme je l’ai fait en 2015 puis 2021, il faut savoir que lorsqu’on est président de région, on l’est de tout le monde. Ceux qui votent pour vous et ceux qui ne votent pas pour vous.
Mais l’électorat a changé depuis
X.B: En 2015, j’ai été élu parce que la gauche s’est retirée : Martine Aubry, Pierre de Saintignon, Daniel Percheron était dans cette logique : il ne voulait pas de Marine Le Pen. Cinq ans après j’ai encore gagné alors que tout le monde était contre moi cette fois. Monsieur Macron a envoyé 5 ministres pour me faire chuter, on a vu la NUPES avant l’heure et le FN avait envoyé son porte-parole. Pourtant, on a été élu et on a fait reculer de 15% le FN. Parce que les habitants de la région savent que je me bats pour eux et c’est ce qu’ils attendent d’un responsable politique. On doit se battre pour tout le monde et pour que ceux qui travaillent puissent s’en sortir sans que la fin du mois commence le 10 du mois.