Transports publics : « Nous, élus locaux, voulons agir vite et maintenant pour la transition de la route »

Depuis vingt ans, politologues, sociologues et experts en tout genre analysent, micros ouverts et chiffres à l’appui, les failles de notre société. Elles sont profondes, multiples, mais elles tiennent en trois mots : assignation à résidence. Malgré la multiplication des plans de revitalisation et de relance, la fracture territoriale demeure une plaie vive pour de nombreux Français.

Plus que jamais, il nous faut aller chercher les Français les plus éloignés de l’emploi et des services publics, ceux qui cumulent les trajets longs, ceux qui n’ont pas d’autres choix que la voiture et qui voient, avec inquiétude, le fossé se creuser entre les centres-villes mondialisés et leurs périphéries. Ceux qui perçoivent les zones à faibles émissions comme une véritable frontière érigée contre eux et expliquent à qui veut bien les écouter que la voiture n’est pas un choix mais une nécessité.

Reconnecter les métropoles à leurs périphéries constitue un défi majeur, et c’est offrir à chacun les mêmes chances de réussir et de s’accomplir, en garantissant à chacun la liberté et donc la possibilité de se déplacer.

Nous, élus locaux de territoires et de sensibilités politiques différents, rappelons justement que les collectivités territoriales sont prêtes et sont déjà à l’œuvre.

Nous accueillons positivement les annonces sur le développement du transport ferroviaire. Elles restent d’ailleurs à décliner dans une loi de programmation. Mais nous savons aussi que ces projets, si ambitieux soient-ils, ne suffisent pas à couvrir l’ensemble de notre territoire national.

Développé à l’étranger

Nous voulons agir vite et maintenant pour la transition de la route. C’est pourquoi nous demandons à l’Etat d’inscrire dans les prochains contrats de plan Etat-régions les enjeux de développement des services de cars express et de transformation de la route, qui s’intègrent dans une programmation pluriannuelle d’investissements ambitieuse et crédible.

Oui, nous, élus de terrain désireux d’apporter une réponse rapide aux besoins quotidiens de nos concitoyens, plaidons pour la création d’un véritable réseau de cars express. Ce projet est complémentaire des services express régionaux métropolitains bientôt abordés par une proposition de loi. L’enjeu est simple : développer une nouvelle offre de transport public capable de désenclaver les territoires les plus reculés, tout en transformant le temps contraint d’un trajet en voiture en un temps utile pour les usagers.

La route ne doit plus être un gros mot. Si l’âge des grands projets routiers est révolu, osons réinvestir les infrastructures existantes. Transformons la route afin d’accueillir de nouveaux modes, plus partagés et plus propres. Premier patrimoine de l’Etat, l’infrastructure routière présente le triple avantage d’être déjà financée, de disposer de grandes réserves de capacités et d’irriguer l’ensemble de nos territoires.

Fractures territoriales

C’est par la route et le rail que nous relèverons le triple défi qui nous fait face. Un défi écologique, puisque les émissions de gaz à effet de serre liées aux déplacements entre centre et périphéries sont vingt-cinq fois plus élevées qu’à l’intérieur des métropoles. Un défi économique et social, puisque les transports publics réduisent jusqu’à dix fois le coût des déplacements quotidiens. Et, enfin, un défi démocratique, car résoudre l’équation de la mobilité, c’est améliorer la qualité de vie et le pouvoir d’achat de nos concitoyens et leur permettre de se sentir membres d’une même communauté où qu’ils habitent.

Aujourd’hui plus que jamais, nous devons tourner le regard vers ceux pour qui l’exacerbation des fractures territoriales est une réalité. Si la crise des « gilets jaunes » résonne aujourd’hui encore comme un avertissement, nos concitoyens attendent de leurs élus des réponses concrètes et positives : la guerre des territoires n’aura pas lieu si nous parvenons à les réconcilier. Nous y sommes prêts.

Xavier Bertrand est président (LR) du conseil régional des Hauts-de-France ; Dominique Bussereau, ancien secrétaire d’Etat chargé des transports (sans étiquette) ; Frédéric Cuvillier, président (PS) de la communauté d’agglomération du Boulonnais, ancien secrétaire d’Etat chargé des transports, de la mer et de la pêche ; François Durovray, président (LR) du conseil départemental de l’Essonne, président de la commission transports à l’Assemblée des départements de France  ; Anne-Marie Jean, vice-présidente (EELV) de l’Eurométropole de Strasbourg et coprésidente du comité de concertation national ZFE-m ; Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d’Ile-de-France (LR) ; David Valence, président du Conseil d’orientation des infrastructures, député des Vosges (Parti radical).

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