« Je suis un homme heureux » Bernard Deflesselles, Secrétaire général de Nous France (Objectif Méditérannée)

Député de 1999 à 2022, Bernard Deflesselles a contribué à enraciner l’est des Bouches-du-Rhône à droite. S’il reste ancré à La Ciotat et fidèle aux Républicains, l’élu local a rejoint Nous France, le parti de Xavier Bertrand qui met le cap sur 2027. Mais avant la présidentielle, l’homme politique entend concourir à la refonte du logiciel de la droite populaire.

Après avoir siégé à l’Assemblée nationale pendant 23 ans, vous avez décidé de ne pas briguer de 6° mandat…

Bernard Deflesselles : Ne pas me représenter, c’est un choix que j’ai longuement mûri et j’ai quitté l’Assemblée nationale sans désillusion. Mes cinq mandats mont permis de faire des choses extraordinaires, notamment en participant à de nombreuses COPI Conseiller municipal de La Ciotat et conseiller métropolitain, je reste connecté à la réalité du terrain et suis en contact avec le monde économique en présidant Provence Promotion. Et je fais vivre mon engagement au niveau national avec Nous France. Je suis un homme heureux, à l’aise sur ce nouveau chemin, qui reste axé sur la vie politique.

Quel regard portez-vous sur les récents débats parlementaires sur la réforme des retraites, qui ressemblent plus à des batailles rangées ?

Des batailles homériques, il y en a eu. On peut porter des convictions dans un débat animé, mais quand on traite un ministre d’assassin, les mots ont-ils encore un sens ? Ces excès abiment l’image du parlement et de l’ensemble de la classe politique française. Le contraste est d’ailleurs saisissant entre cette violence et les manifestations syndicales pour le moment sereines et apaisées.

Auriez-vous voté ce texte ?

En l’état actuel, non, même si une réforme est nécessaire pour sauver le système de retraite par répartition, et qu’il faudra travailler plus longtemps.

Mais, si réformer est une chose, encore faut-il être juste ! Ce texte mal construit, mal expliqué et mal débattu appelle plusieurs réserves et je regrette qu’il y ait autant de confusion ! D’abord, il faut rassurer les jeunes qui pensent qu’ils n’auront pas de retraite. Parallèlement, il faut traiter sérieusement la question des carrières longues. Ensuite, il est indispensable de s’attaquer aux inégalités dont sont victimes les femmes, qui ont souvent des carrières hachées et des pensions bien plus modestes que les hommes. Et, enfin, rétablir l’égalité entre salariés du public et du privé.

Vous avez rejoint aujourd’hui Xavier Bertrand au sein de son parti Nous France et en êtes le secrétaire général. Toutefois, vous restez tous deux LR. Où est la logique ?

Il y a d’abord des liens d’amitié qui ne se sont jamais distendus avec Xavier, que j’ai vu arriver à l’Assemblée. Ministre de la Santé, il nous a accompagnés, avec mon ami Patrick Boré, notamment pour la restructuration de l’hôpital de La Ciotat.

Nous France, c’est d’abord un réseau que nous tissons, afin d’assurer une implantation territoriale.

Aujourd’hui, nous sommes présents sur les deux tiers des départements. Mais c’est aussi un espace où l’on entend prendre le temps de la réflexion, afin qu’élus, experts et citoyens se frottent la cervelle pour forger des propositions et rénover le logiciel qui ancrera la France et les partis politiques dans le XXIè siècle. Prenez les retraites : chacun savait qu’il y aurait une loi. Macron l’avait annoncée. Est-ce que les partis ont phosphoré, débattu, proposé? Non ! Il en va de même avec l’énergie ou l’évolution des institutions, qu’il s’agisse du millefeuille territorial ou bien encore du quinquennat et du calendrier électoral.

En quoi l’ADN de Nous France diffère-t-il de celui des Républicains ? Pensez-vous qu’Éric Ciotti arrivera à régénérer le parti ?

Éric a hérité d’une formation en miettes ; laissons-lui le temps de s’installer. Mais une chose est certaine, ce n’est pas en faisant la courte échelle à Macron que nous allons retrouver des électeurs ! L’ADN de Nous France, c’est celui d’une droite populaire qui entend réactiver l’ascenseur social et réaffirme que, sans ordre républicain, rien n’est possible. À l’heure où la transition énergétique nous impose des évolutions complexes, il faut garder confiance dans le progrès sans céder au pessimisme. Et notre volonté est d’ouvrir les bras sans nous cantonner dans un réduit très à droite. N’oublions pas que la présidentielle se gagne au centre. C’est dans cette perspective que nous entendons formuler des propositions qui doivent être au diapason des évolutions de notre société, afin de répondre concrètement aux espérances de nos concitoyens.

Nous France ressemble à une rampe de lancement pour une candidature Bertrand en 2027. N’est-ce pas trop tôt ?

Arrêtons de parler de 2027 ! Est-ce que les Français ont la tête à la présidentielle, alors qu’ils vivent des fins de mois difficiles ?

Réfléchir, construire, être une vigie avancée pour comprendre le monde qui vient, ce n’est pas être une rampe de lancement. Cela dit, il faut que la personnalité que l’on soutient ait du talent. Xavier Bertrand, qui a été maire, ministre et qui préside la Région Hauts-de-France, figure toujours dans le top 1o des enquêtes d’opinion. Il a une puissance de travail qui donne envie de l’accompagner.

Bertrand en campagne. Bayrou « toujours prêt ». Le Maire ambitieux. Wauquiez silencieux. Philippe en embuscade. N’est-ce pas déjà le trop-plein à droite?

Non, c’est la vie politique et une respiration démocratique normale qui signifie que tout le monde n’est pas caporalisé.

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