Le patron des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a rappelé ce mardi matin son opposition au projet de loi sur les retraites. Une position qui tranche avec son propre parti pour celui qui ne cache pas son ambition de se présenter à la présidentielle de 2027.
Article par Le Parisien : https://www.leparisien.fr/amp/politique/reforme-des-retraites-xavier-bertrand-fait-entendre-sa-divergence-au-sein-de-lr-17-01-2023-FZDBQ4IXORAF7BNTHYPVIHV5TQ.php
Article de Quentin Laurent et Alexandre Sulzer
Qu’on se le dise, Xavier Bertrand n’entend pas prendre sa retraite politique. Ce mardi matin, il a rappelé qu’il était bien dans la vie politique active en faisant entendre une ligne différente de celle de son parti, Les Républicains (LR), sur la question de la réforme des retraites. « Aujourd’hui, on a une réforme terriblement comptable et la justice est quasiment inexistante », a-t-il affirmé sur franceinfo.
Le président des Hauts-de-France a posé « trois conditions pour rendre cette réforme plus acceptable » : la possibilité de partir après 43 ans de carrière « à taux plein, sans décote », une « convergence » pour les régimes spéciaux et enfin la possibilité pour les femmes aux carrières incomplètes de partir à la retraite sans décote à 65 ans et non 67 ans.
Une opposition qui tranche avec celle de son parti dont les principaux dirigeants, du président Éric Ciotti aux chefs de groupes parlementaires Olivier Marleix et Bruno Retailleau, ont dit qu’ils étaient favorables à la réforme.
« J’ai toujours dit qu’il fallait aller jusqu’à 64 ans, mais qu’il fallait aussi de la justice, or aujourd’hui cette réforme des retraites est terriblement comptable, et la justice y est inexistante », indique Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France.
« De nombreux députés LR (…) sont aussi sur cette ligne d’apporter un maximum de justice », a-t-il ajouté, assurant qu’il n’était toutefois « pas question de fronde en interne ». Une référence à la petite quinzaine de députés, dont la plupart sont amis de l’élu du Lot Aurélien Pradié, lui-même proche de Xavier Bertrand, qui devraient s’opposer au projet de loi.
La grande majorité de ces frondeurs sont élus dans des circonscriptions populaires et échangent directement avec l’ancien ministre du Travail. Avec Éric Ciotti, « on a une divergence, c’est très clair », a assumé Xavier Bertrand. Lequel, selon nos informations, n’a pas félicité le nouveau patron de LR après son élection en décembre.
« Le premier grand rendez-vous politique du quinquennat »
Une petite musique « sociale » que celui qui ne fait pas semblant de cacher ses ambitions présidentielles pour 2027 ne cesse plus de jouer. Dès mercredi dernier, le grand perdant de la primaire de la droite en décembre 2021 avait entonné ce refrain sur BFMTV. Qualifiant la réforme des retraites d’ « injuste », le patron des Hauts- de-France expliquait déjà pourquoi il s’opposait au fait que certaines personnes aux carrières longues aient à cotiser pendant 44 années. Plus largement, Xavier Bertrand dénonçait une « réforme de gens qui vont bien pour des gens qui vont bien ».
« Il a conscience que c’est le premier grand rendez-vous politique du quinquennat », le défend Julien Dive. Le député, qui lui a succédé dans la 2e circonscription de l’Aisne, assure que Xavier Bertrand, bon connaisseur du dossier des retraites, aurait déjà échangé au téléphone avec certains grands leaders syndicaux.
« Doit-on se recentrer sur le cœur de l’électorat LR ou conquérir de nouveaux électeurs dans la classe moyenne laborieuse ? », s’interrogeait il y a quelques jours Pierre- Henri Dumont, député du Pas-de-Calais et proche du président des Hauts-de-France.
Une certitude : Xavier Bertrand s’est entretenu mercredi dernier avec Bertrand Pancher, le patron du groupe indépendant Liot, 21 députés dont les voix sont nécessaires au gouvernement pour faire adopter la réforme des retraites à l’Assemblée nationale. Bref, Xavier Bertrand entend bien compter. Pour se relancer ? « Non, ça voudrait dire qu’il part de loin. Il continue d’être le mieux placé dans les enquêtes d’opinion à droite. Il a envie de continuer de peser, de faire entendre sa voix », répond Julien Dive.