Là où le Premier ministre voit en l’absence de majorité absolue un drame, il faut en réalité voir une opportunité unique pour notre pays.
L’heure est grave. En s’alliant pour voter contre les mesures de protection des Français face au Covid, LFI, les LR et le RN empêchent tout contrôle aux frontières face au virus. Par ce tweet lapidaire posté le 13 juillet, Élisabeth Borne semble découvrir avec effroi que la donne politique a radicalement changé à l’Assemblée nationale. Hier simple chambre d’enregistrement peuplée de “godillots”, notre Chambre basse redevient aujourd’hui l’épicentre de notre vie publique.
Le caractère inédit de cette situation – une Assemblée nationale sans majorité absolue – nous prouve, une fois encore, que le peuple français est un grand peuple politique, capable de réélire un président décrié mais satisfait, sept semaines plus tard, de le priver d’une part substantielle de son pouvoir.
Puisque les alternances successives de majorités fortes n’ont pas apporté aux Français des résultats concrets, peut-être que l’obligation faite au gouvernement de composer avec ses oppositions permettra à la France d’enrayer le déclin dans lequel elle est enfermée depuis tant d’années.
La situation désastreuse de la France exige que nous puissions imposer quelques consensus prioritaires : le rétablissement de l’autorité pour stopper la spirale laxiste d’insécurité systémique, la préservation du pouvoir d’achat en rationalisant les dépenses de l’État, le retour du travail et du mérite comme pierre angulaire de toute politique publique, l’amélioration de la qualité des services publics, la garantie d’une souveraineté énergétique et alimentaire, l’augmentation du niveau d’éducation qui s’est sensiblement dégradé, la diminution significative du déficit de notre balance commerciale et l’engagement d’une transition écologique réelle qui ne dresse pas les Français les uns contre les autres.
En cela, l’absence de majorité absolue pour le gouvernement n’est pas un drame, elle est au contraire salutaire !
Un premier enseignement saute aux yeux : alors que les arbitrages étaient auparavant rendus par des hauts fonctionnaires nommés par le pouvoir et soumis à aucun devoir de résultats, les grandes orientations sont aujourd’hui votées à l’Assemblée nationale par des représentants élus par le peuple, redonnant du corps, du cœur et surtout du sens aux décisions prises.
Les premiers textes examinés l’ont prouvé, les 62 députés LR sont la clé de voûte de ce nouveau système démocratique. De fait, si les députés de droite décident de voter contre un texte, celui-ci a de grandes chances d’être rejeté. Au surplus, la droite parlementaire possède la majorité lors des commissions mixtes paritaires, où sept députés et sept sénateurs sont chargés de trouver des points d’accord entre les deux Chambres.
Nous, députés LR, avons donc une responsabilité infiniment supérieure à celle des oppositions protestataires : limiter les blocages de notre pays mais aussi influer réellement sur la politique menée par le gouvernement, non pas en s’alliant avec lui au sein d’une majorité mais en le forçant à enfin regarder en face la réalité de notre pays.