TRIBUNE – Sébastien Martin, Délégué régional Bourgogne-Franche-Comté de Nous France et président de l’Assemblée des communautés de France (ADCF) appelle à une réindustrialisation des territoires par l’implantation d’instituts de formation.
Tribune parue dans Le Journal du dimanche : https://www.lejdd.fr/Politique/sebastien-martin-le-president-de-ladcf-des-academies-industrielles-pour-nos-territoires-4093428
« Si deux tiers des étudiants sont concentrés dans les 22 plus grandes villes et métropoles, la moitié d’entre eux sont originaires de territoires qui ne disposent que de formations de proximité. Contraints de poursuivre leurs études dans la grande ville la plus proche, les bacheliers français empruntent bien souvent un aller sans retour. Les conséquences de cette dichotomie sont toujours plus notables. Outre les difficultés des entreprises à combler leurs besoins de main-d’œuvre, elle est aussi l’un des freins à la réindustrialisation du pays : 75 % de l’emploi industriel est en effet situé en dehors des métropoles.
Pour redorer les blasons de l’industrie française, ce sont toutes les cartes des formations scientifiques, techniques et technologiques qu’il faut rebattre en direction des territoires industriels. La création d’académies industrielles et technologiques répondant au mieux aux besoins spécifiques des entreprises est une nécessité.
Ces académies, en plus d’assurer à tous les diplômés une formation immersive au sein des entreprises locales, permettraient aux acteurs industriels de disposer des moyens humains pour innover, se démarquer, créer de la valeur ajoutée et donc consolider leurs parts de marché.
Cette ambition serait avant tout pragmatique : elle permettrait de créer des parcours de formation connectés aux filières industrielles françaises. Les académies qu’élus et industriels appellent de leurs vœux répondraient au besoin de montée en gamme de notre industrie, d’appropriation des nouvelles technologies et donc de création de valeur ajoutée. De quoi assurer la réussite industrielle française des prochaines décennies.
Il faut donner aux élus locaux, aux Régions et aux intercommunalités, en lien avec les universités et des organismes tels que le Cnam (Conservatoire national des arts et métiers) ou les écoles d’ingénieurs, la capacité de travailler ensemble pour assurer le fonctionnement, le rayonnement et l’attractivité de chaque académie.
Réunies au sein du programme Territoires d’industrie, les intercommunalités sont nombreuses à déjà imaginer de telles académies. Elles aspirent à incarner le volet territorial de France 2030.
Cette démarche contribuera à la redynamisation de tous les écosystèmes locaux concernés. Déployée à l’échelle du pays, elle permettra l’invention d’un nouveau modèle d’aménagement des territoires, en donnant à ces derniers les clefs d’un développement innovant et vertueux.
Il revient donc aujourd’hui à l’État de faire de la redynamisation des territoires un objectif à part entière de la stratégie de réindustrialisation du pays. Cela sera possible en intégrant cette nouvelle manière de procéder, fondée sur la responsabilisation de tous les acteurs locaux concernés, et la possibilité qui doit leur être laissée de cogérer des stratégies propres et différenciées. »