Xavier Bertrand : «Non, Emmanuel Macron, vous n’êtes pas le seul rempart contre les extrêmes»

FIGAROVOX/TRIBUNE – Le président LR de la région Hauts-de-France répond à la lettre aux Français du président de la République transmise à la presse quotidienne régionale.

Article original : https://www.lefigaro.fr/vox/politique/xavier-bertrand-non-emmanuel-macron-vous-n-etes-pas-le-seul-rempart-contre-les-extremes-20240625

 

Monsieur le président de la République,

J’ai reçu, comme la plupart des Françaises et des Français, la lettre que vous venez de nous adresser.

J’ai été pour le moins surpris de cette adresse alors que vous venez de plonger le pays dans une crise démocratique sans précédent en choisissant de dissoudre l’Assemblée nationale.

Un courrier adressé à l’ensemble des Françaises et des Français aurait pu se concevoir en une période moins troublée mais devant la gravité du moment, le procédé ne fait qu’inquiéter encore plus profondément le pays.

Vous le savez, au point que nombreux dans votre camp osent désormais le crier haut et fort : votre parole est devenue inaudible pour nos compatriotes. Votre exercice épistolaire sera donc vain.

Pourquoi nous écrire alors que vous nous avez si peu écoutés ces sept dernières années ?

Que sont devenus les cahiers de doléances de la crise des «gilets jaunes» ?

À cette période, vous aviez également écrit aux Françaises et aux Français, une longue, très longue lettre – comme le sont vos discours -, pleine de promesses non tenues.

Vous vouliez, écriviez-vous, il y a cinq ans déjà, faire taire les colères. Cinq ans ont passé, Monsieur le président de la République, et les colères sont toujours plus vives et vos solutions toujours aussi inefficaces.

La situation que vous dénoncez, que vous déplorez, que vous tentez de juguler, est la conséquence de votre exercice solitaire du pouvoir, de votre incapacité à construire une majorité véritablement capable de gouverner notre pays. Le voulez-vous ? On peut en douter car depuis sept années vous avez présidé et gouverné «en même temps». Ce n’est pas votre seule faille mais cette omniprésidence qui règne sur l’Élysée et Matignon est une faille majeure car elle n’est conforme ni à l’esprit de nos institutions, ni aux attentes des Françaises et des Français.

Mais il n’y a pas trois offres politiques claires, il y en a quatre. Nous incarnons la quatrième, celle issue du gaullisme et qui, depuis toujours, dans les crises que traverse notre pays, est aussi celle du recours.

Xavier Bertrand

Dans ces élections législatives, dites-vous, les électeurs font face à trois offres politiques claires. L’extrême droite, l’extrême gauche et celle que vous représentez et qui serait soi-disant le seul rempart contre ces extrêmes.

J’entends la colère et l’exaspération des Français mais j’ai la conviction qu’ils ne se satisfont d’aucune de ces hypothèses, mesurant les risques de chaos et de violence que chacune d’elles recèle.

Assurément, l’extrême droite et l’extrême gauche n’ont jamais été aussi fortes et dangereuses. Leurs programmes irresponsables sont porteurs d’une faillite morale et d’une faillite financière pour le pays. Ces dangers, vous n’en êtes certes pas le seul comptable. Ils existaient déjà en 2017.

Mais les menaces sont désormais survenues : les périls ne sont plus à nos portes : ils ont poussé la porte et sont entrés dans le quotidien de nos concitoyens. Cette porte c’est vous, et vous seul, qui l’avez ouverte.

Comment dès lors pourriez-vous aujourd’hui en être un rempart ?

Non, dans ces circonstances vous n’êtes plus un rempart contre les extrêmes et encore moins un antidote ou une solution viable face à eux. Vous pensez être un cordon sanitaire, vous êtes en réalité le cordon déclencheur.

Vos politiques ont désespéré le pays, renforçant le sentiment de déclassement d’une grande partie de nos concitoyens. Et, aujourd’hui, vous tentez, une énième fois, de vous imposer en recours.

Mais il n’y a pas trois offres politiques claires, il y en a quatre. Nous incarnons la quatrième, celle issue du gaullisme et qui, depuis toujours, dans les crises que traverse notre pays, est aussi celle du recours.

Cette quatrième offre, vous n’avez eu de cesse de vouloir la détruire, la réduire à néant, parce qu’elle vous interdisait de créer les conditions de l’affrontement politique que vous aviez choisi de votre Olympe. Un affrontement où vous n’auriez à affronter que deux blocs de colère : votre hubris vous laissait penser que vous alliez les terrasser. C’est la France que vous avez terrassée, Monsieur le Président de la République.

Nous remettrons au cœur de notre action la France qui travaille et je dirais même la France qui travaille dur.

Xavier Bertrand

Or, oui, il existe une autre voie, républicaine et démocratique, celle d’une cohabitation vous obligeant à infléchir radicalement votre politique.

Le peuple, à travers ses députés, doit vous imposer une autre façon d’agir, plus respectueuse de ses aspirations.

C’est le sens du combat que je mène dans cette période instable que traverse notre pays.

Pour cette raison, j’appelle les Françaises et les Français à voter pour les candidats des Républicains et des Indépendants le 30 juin prochain. Ils sont les seuls capables de nous éviter à la fois le Rassemblement national, le Front Populaire et le statu quo macroniste.

Nous sommes restés fidèles à nos valeurs de toujours et nous sommes nombreux depuis sept ans, à n’avoir cédé à aucun ralliement ou débauchage, parce que nous croyons en l’intérêt supérieur de la France.

Et ces valeurs méritent d’être, une fois encore, clairement énoncées ici.

Nous remettrons au cœur de notre action la France qui travaille et je dirais même la France qui travaille dur.

C’est notre premier engagement. Chaque mois, entre le salaire brut et le salaire net, chacun peut voir une partie des fruits de son travail s’évaporer dans le financement d’un État social qui a cessé d’être juste. Nous rendrons aux Français cette part du salaire brut qui doit leur revenir directement et cela, sans coût supérieur pour les entreprises ou nos comptes publics. Reconnaître la valeur réelle du travail, donner du pouvoir d’achat concret aux Françaises et aux Français, c’est aussi leur reconnaître une possibilité réelle d’émancipation et d’épanouissement personnel.

Nous rebâtirons l’État autour des services publics essentiels : défense, police, justice, éducation, santé, environnement, transports.

Il est de notre devoir d’agir pour l’avenir de nos enfants, en leur faisant confiance et en leur donnant les moyens d’ouvrir leur propre voie et de construire leur propre vie.

Xavier Bertrand

C’est notre deuxième engagement. Il y a des droits et des protections qui doivent bénéficier à toutes et à tous. C’est une évidence trop vite oubliée qui doit permettre de retrouver le chemin d’une nation apaisée.

Nous redonnerons toute leur dignité à celles et ceux dont la citoyenneté française s’est abîmée du fait de discriminations relatives à leurs origines sociales, ethniques ou religieuses.

C’est notre troisième engagement. Moderniser l’État, en lui demandant d’assurer ses missions premières. De même, nous donnerons à nos territoires, Communes, Départements, Régions mais aussi aux entreprises et associations, tous ces collectifs qui font notre Nation, l’espace de liberté dont ils ont besoin, hors d’une tutelle et de normes toujours plus envahissantes, parce qu’ils sont le moteur de l’innovation et de la croissance qui doit relancer notre pays.

Enfin, nous ferons corps autour de notre jeunesse qui souffre tant, depuis la crise sanitaire, qui s’inquiète pour son avenir, qui s’émeut pour le devenir de notre planète et qui ne voit pas à l’horizon de signes d’espoir.

Il est de notre devoir d’agir pour l’avenir de nos enfants, en leur faisant confiance et en leur donnant les moyens d’ouvrir leur propre voie et de construire leur propre vie.

Voilà, Monsieur le président de la République, quelques pistes qui, je l’espère, redonneront confiance à nos concitoyens, cette confiance dont ils ont tant besoin.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en l’assurance de ma considération.

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