Le nom du président (LR) des Hauts-de-France est évoqué en coulisses par certains à droite et en macronie pour diriger un gouvernement d’union. Pas sûr que le président en ait envie mais lui s’organise en coulisses.
Par Alexandre Sulzer et Olivier Beaumont
« Dès qu’on dit que l’on est pour une coalition ou que l’on fait une tribune en ce sens, on a un petit SMS de Xavier Bertrand : Bravo pour ton intervention ! », témoigne un élu en vue de LR. Lequel en tire un enseignement : « Pour Xavier Bertrand, c’est maintenant ou jamais. »
Alors que le brouillard sur la formation d’un gouvernement est loin de se désépaissir, un nom revient sur beaucoup de lèvres ces derniers jours à droite et en macronie : celui du président (LR) des Hauts-de-France. En coulisses, celui-ci s’active pour ne pas laisser la gauche seule en ligne proposer un gouvernement. De là à penser qu’il pourrait vouloir aller à Matignon, il n’y a qu’un pas que beaucoup franchissent…
« Beaucoup de gens l’encouragent »
« Des macronistes, des indépendants, des LR, des partenaires sociaux : beaucoup de gens l’encouragent », confirme un proche du Picard qui indique travailler sur un projet gouvernemental. « Soit on dit on reste sur la banquise, on pose notre sac à terre et le président de la République se démerde parce que c’est lui qui nous a mis dans ce chaos, et on laisse le pays à la gauche, soit on trouve une issue, on va au-delà du pacte législatif défendu par Laurent Wauquiez et on prend nos responsabilités », poursuit le même.
Un autre élu proche de Xavier Bertrand liste les cases que celui-ci cocherait pour le poste : « Il est de droite, a toujours cherché l’indépendance, est ouvert pour être utile au pays. »
Le patron des Hauts-de-France ne donne pas son nom mais dans son esprit, son parcours politique incarne les besoins du moment : la lutte contre le RN (il a été élu deux fois contre le parti de Marine Le Pen à la tête de sa région), une action régionale qu’il veut « au-dessus des partis » car le rassemblement gouvernemental irait au-delà des seuls LR et Renaissance, l’urgence de traiter les partenaires sociaux et de réaliser la décentralisation…
« Tout est prêt pour le gouvernement d’union nationale »
L’un de ses soutiens assure qu’il a « beaucoup bossé ces derniers jours » : « Tout est prêt pour le gouvernement d’union nationale qu’il appelle de ses vœux, il a la stratégie pour août, septembre, octobre. En gros, il arrive, il déroule ! », s’enthousiasme le même au sujet de celui qui a récemment discuté avec les anciens Premiers ministres Jean-Pierre Raffarin et Bernard Cazeneuve, des élus d’Horizons et entretient des bonnes relations avec le groupe indépendant Liot…
Un groupe que vient de rejoindre le député (LR) Stéphane Viry qui lui est proche. « Que des personnalités de droite s’échinent à faire ce que fait la gauche depuis 8 jours, c’est bien. On ne peut pas attendre que les choses se passent », estime ce dernier.
Xavier Bertrand à Matignon, une hypothèse crédible ? « Je n’en sais rien. Mais il faut un ministre de droite », répond un ténor du gouvernement quand un pilier de la macronie constate : « Il a envie d’aider. Il faut comprendre qu’il veut aider. » « On ne peut pas lui reprocher de s’organiser. Je lui ai dit qu’il fallait qu’il le fasse savoir », glisse un élu qui l’a croisé la semaine dernière.
La perspective n’est en tous les cas pas rejetée par l’aile droite de la macronie. « Sur la ligne politique très sociale-régalienne, je trouve qu’il n’y a pas mieux. Il saurait parler à la jambe gauche et la jambe droite, après un petit temps d’apprivoisement », lâche une députée (Renaissance), même si elle reste dubitative sur la probabilité qu’Emmanuel Macron accepte de nommer « un opposant affirmé » à Matignon : « Leurs relations ont été sacrément tendues ces dernières années. »
« Ça serait une cohabitation, pas une coalition ! »
Un doute que partage d’ailleurs Xavier Bertrand qui se considère lui-même si différent de ce président de la République surdiplômé et qui n’a jamais eu de mandat local. « Ça serait une cohabitation, pas une coalition ! », hausse des épaules un soutien.
« Wauquiez serait bien emmerdé au passage », signale, non sans le savourer, une élue du camp macroniste. Le tout frais président du groupe Droite républicaine a accepté la semaine dernière de plancher sur un « pacte législatif » que soutiendrait la droite mais en refusant toute participation au gouvernement… Nommer Xavier Bertrand ne manquerait pas de diviser Les Républicains.
« Je ne vois pas comment Bertrand serait une clé pour Macron. Des noms d’opposants de droite à Macron mais qui seraient acceptables pour ses troupes, il y en a beaucoup. Et de toute façon, il n’y aura pas de deal », réaffirme un soutien du président d’Auvergne-Rhône-Alpes qui n’a renoncé en rien à la prochaine présidentielle. « Matignon, ça rendrait les choses plus compliquées pour 2027, reconnaît un très proche de Xavier Bertrand. Mais les Français jugeront sévèrement ceux qui resteront planqués dans une période aussi dramatique… »