Autre frein soulevé par la sénatrice, le diagnostic de performance énergétique ou DPE. C’est lui qui classe les logements en fonction de leur performance énergétique, et constitue le sésame sans lequel beaucoup se retrouveront frappés d’indécence à plus ou moins court terme. Et donc retirés du marché. Dans le rapport sénatorial, celui-ci est comparé à un thermomètre qui donnerait « une température différente selon le médecin« . « Il y a dans cet outil un certain nombre d’impensés comme ceux liés aux petites surfaces ou encore au confort d’été qui n’est pas pris en compte. Or, nous l’avons vu cet été, la chaleur est aussi importante à mesurer dans la note finale que le froid« , souligne Dominique Estrosi-Sassone. Laquelle insiste également sur la problématique du bâti ancien, celui d’avant 1948, comme ces maisons à colombage alsaciennes, à la fois passoires thermiques et patrimoine remarquable. « Il est absolument nécessaire de penser un DPE propre à ces bâtiments« . Comme il en faudrait un dédié aux copropriétés, « un DPE collectif » qui se substituerait aux DPE individuels, car « on n’embarquera jamais les copropriétaires dans la rénovation énergétique globale si les règles restent telles quelles. Il y en aura toujours qui bloqueront les travaux« .
Dans le parc locatif social, plus vertueux que le privé en matière de rénovation énergétique, les freins diffèrent. Ils sont essentiellement sonnants et trébuchants. « Le rapport montre que les bailleurs sociaux sont prêts techniquement et ont la volonté de passer rapidement à l’action. Ce qui manque, c’est l’accompagnement financier adéquat« . Lequel est estimé à 9 milliards d’euros par an, somme que les bailleurs ne peuvent plus porter sans aide de l’Etat. « Les opérateurs n’ont plus de véritable capacité d’autofinancement depuis l’instauration de la RLS (Réduction du loyer de solidarité, estimé à 1,3 milliard d’euros annuel qui échappe aux bailleurs depuis la loi de finance 2018, NDLR) et désormais la hausse des taux du livret A« . Or, sans cette capacité à investir, craint la sénatrice, « les bailleurs seront amenés à faire un choix : rénover ou construire« . Un dilemme, juge-t-elle, car « qu’on le veuille ou non, il y a besoin de construction nouvelle comme il y a besoin de rénovation« . Pour rappel, 2,4 millions de ménages ont une demande HLM en cours dont 1,7 million est en attente d’un logement, chiffre en augmentation de 7% en moyenne. D’où la demande du rapport, entre autres, d’abonder à hauteur de 1,5 milliard d’euros supplémentaires le volet rénovation énergétique des logements locatifs sociaux dans le projet de loi de finance 2024. Sans cela, « nous ne nous abstiendrons pas de déposer une proposition de loi allant en ce sens dès le premier semestre 2024« .