«Mais vous attendez quoi pour être président de la République ?» demande, à Xavier Bertrand, Mustapha Kherief, dirigeant de PKM logistique. «J’attends de trouver les bonnes solutions, la confiance du peuple, pour ne pas retomber dans les mêmes pièges» répond Xavier Bertrand, président du parti Nous France.
Ayant lancé son parti début octobre, depuis sa ville de Saint-Quentin dans l’Aisne, Xavier Bertrand a en tête la présidentielle 2027. C’est dans cette optique qu’il est venu à La Croix Saint Ouen rencontrer des citoyens et échanger sur la question du travail : «Si vous êtes là ce soir, c’est parce que vous avez des choses à dire sur la question du travail, que vous ayez travaillé et que vous allez travailler ou que vous travaillez aujourd’hui. Et j’aimerais savoir ce que vous pensez parce qu’il n’y a rien de pire pour un responsable politique que d’être déconnecté et décalé.»
Un député, un sénateur, des conseillers régionaux…
Parmi les 200 personnes présentes à la salle Guy-Schott figuraient le député Pierre Vatin, le sénateur Jérôme Bascher, la vice-présidente des Hauts-de-France Manoëlle Martin, les conseillères régionales Martine Miquel et Anne-Sophie Fontaine, le maire de La Croix Jean Desessart, le maire de Néry Claude Picart. Il y avait aussi Antoine Sillani, référent Nous France dans les Hauts de France. «Xavier Bertrand n’était pas là en tant que président des Hauts de France, mais en tant que président de Nous France, précise la Compiégnoise Martine Miquel. Son but est de construire un programme en rencontrant les Français. L’ADN de Nous France, c’est la juste reconnaissance du travail des classes moyennes, qui sont la colonne vertébrale du pays.»
Parmi les patrons, outre Mustapha Kherief, il y avait aussi Sébastien Harlé d’Ophove (des Etangs de l’Abbaye à Longueil-Sainte-Marie), Daniel Pourrier (organisateur du marché de Noël de Compiègne), Jean-Louis Picy (dirigeant de la Maison du Bâtiment), et le boucher de Wambrechies Laurent Rigaud, président de la Chambre des métiers pour les Hauts de France.
Xavier Bertrand s’est expliqué sur le rôle des politiques. «Ce n’est pas seulement d’apporter des réponses concrètes, c’est aussi anticiper, dit-il. Je veux qu’on sorte avec des propositions concrètes. C’est tout l’enjeu de cette réunion. Quand je dis que les choses ont changé, je ne reviens pas sur ce que j’ai défendu à l’époque. Je suis persuadé que le slogan “travailler plus pour gagner plus” a en partie fait gagner Sarkozy. C’était en 2007. Si un candidat venait en 2023 avec un tel slogan, ça le ferait perdre. Est-ce que pour autant, les Français sont paresseux ? Non. Est-ce qu’ils renoncent au travail ? Certainement pas. Mais si on ne donne pas de sens et de valeur à notre travail, on n’arrivera pas à montrer que c’est par notre travail et notre intelligence qu’on s’en sortira.»
«On a un rapport différent au travail»
Il considère que la donne a changé : «Dans une société d’après-covid, la société française n’est plus la même. On a pris conscience qu’on pouvait disparaître, on a perdu beaucoup de proches. On a eu un rapport différent au travail puisque certains ont pu être payés et garder le même lien avec l’entreprise sans aller travailler. Le télétravail a fait son irruption dans la société. Ceux dont on avait absolument besoin, les invisibles, les travailleurs de seconde ligne, heureusement qu’ils étaient là. Alors que d’habitude on ne parlait pas d’eux. On a parlé des soignants, des forces de l’ordre… On s’est aperçu que sans les ouvriers de l’agro-alimentaire, sans les gens pour enlever les ordures ménagères… la société ne pouvait pas tenir. Sauf que quand le covid est reparti (si tant est qu’il est reparti vraiment), les travailleurs de seconde ligne sont retournés dans l’anonymat, avec les mêmes problèmes.»
«Le gouvernement a commis une erreur»
Pour Xavier Bertrand, le gouvernement a commis une erreur, en mettant la charrue avant les bœufs. «Il n’a pas compris que les Français voulaient écrire à nouveau le grand livre du travail, dont l’un des chapitres était les retraites, mais qu’ils n’avaient pas envie de commencer par le chapitre des retraites avant d’avoir réglé tout le reste.»
Xavier Bertrand considère qu’il faut d’abord rendre sa valeur au travail : «Comment on fait pour que le travail paie vraiment ? Pour tous les secteurs d’entreprise. Sans démagogie mais en se disant les choses.»
La question du rythme de travail est prioritaire à ses yeux : «On fait quoi avec les 35 heures ? Qu’est-ce qu’on fait avec le télétravail qui crée des injustices avec ceux qui ne peuvent pas télétravailler ? Avec les seniors ? Et les jeunes ? Est-ce qu’on est obligé de faire appel à une immigration du travail ou est-ce qu’on sollicite vraiment nos demandeurs d’emploi ? On a beaucoup parlé de robotisation à une époque, maintenant, on parle d’intelligence artificielle. Comment on fait si ce système remplace l’humain ? Et comment on fait pour financer notre protection sociale ?»