Promulgation de la loi sur les retraites : « C’est la droite ligne de la méthode du gouvernement, qui consiste à brusquer les Français », juge le député Pierre-Henri Dumont

 

Le député Les Républicains de la 7e circonscription du Pas-de-Calais a fustigé samedi sur franceinfo la promulgation dans la nuit de la réforme des retraites par Emmanuel Macron.

« C’est en droite ligne avec la méthode utilisée par le gouvernement qui est celle de brusquer les Françaises et les Français », a réagi samedi 15 avril sur franceinfo Pierre-Henri Dumont, député du Pas-de-Calais. Le secrétaire général adjoint du parti Les Républicains (LR) a peu gouté à la précipitation de l’exécutif, alors que la réforme des retraites a été promulguée dans la nuit de vendredi à samedi, quelques heures après que le Conseil constitutionnel a validé l’essentiel de la réforme.

En agissant ainsi, le gouvernement « laisse des failles et des fractures béantes au sein de la société française, juge Pierre-Henri Dumont. Le président de la République aurait très bien pu, lors d’une allocution d’ici quelques jours, qu’il allait promulguer la loi », puisqu’il avait deux semaines pour le faire.

 

La promulgation de cette loi « ne change rien » 

 

Après la décision du Conseil constitutionnel, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, principal syndicat français, avait demandé solennellement à Emmanuel Macron de ne pas promulguer la loi ce week-end. Le chef de l’État « a préféré ne pas répondre aux appels et promulguer quelques heures après la décision du Conseil constitutionnel. C’est la droite ligne de la méthode qui consistait à brusquer les Français et à mettre de côté les corps intermédiaires, en particulier le Parlement et le syndicat. »

Concernant les décisions du Conseil constitutionnel, qui a validé l’essentiel de la réforme des retraites, dont le report de l’âge légal à 64 ans, mais qui a bloqué une première demande de référendum d’initiative partagée (RIP) de la gauche. « La décision du Conseil constitutionnel s’impose à tous les Français et il n’y a pas à avoir un jugement politique. Le Conseil constitutionnel a estimé que le contenu de la réforme et la méthode utilisée par le gouvernement respectent la Constitution. » Malgré tout, Pierre-Henri Dumont a tenu à préciser que l’Assemblée nationale n’avait « jamais voté cette loi. Mais il faut en prendre acte. »

La promulgation de cette loi « ne change rien » au fait que le système de retraites « soit en danger et qu’il y a des inégalités profondes. » Pierre-Henri Dumont a estimé qu’il revient « à toutes les forces politiques d’imaginer quelle peut être une autre réforme des retraites et comment on peut mieux valoriser le travail. » Son parti Les Républicains va « faire des initiatives d’ici quelques semaines. Il est nécessaire de remettre autour de la table du dialogue social et d’organiser une journée avec différents intervenants sur la notion du travail. » Une sorte de conférence sociale.

 

« Il ne reste que le gâteau amer »

 

« J’y vois soit de la fébrilité, soit de l’arrogance », tacle Ian Boucard, député LR du Territoire de Belfort, à propos de cette promulgation de la loi dans la nuit de vendredi à samedi. Le député se dit « particulièrement content d’avoir voté contre cette réforme des retraites » et d’avoir « voté la motion de censure ». Il note qu’il y avait « quelques améliorations dans ce projet de loi qui avaient été apportées par les Républicains » mais toutes celles qui « avaient été retoquées par le Conseil constitutionnel, c’est tout ce qui venait adoucir cette réforme ». Le député du Territoire de Belfort rappelle qu’il avait « peur que le Conseil constitutionnel enlève le sucre du gâteau amer qu’était cette réforme des retraites. Aujourd’hui, il ne reste que le gâteau amer ».

Après cette séquence de la validation du texte et de sa promulgation, Ian Boucard a peur que « les Français soient les dindons de la farce ». « On a aujourd’hui un souci avec le travail qui ne rémunère plus suffisamment celles et ceux qui travaillent, avec des classes moyennes qui se paupérisent de plus en plus. » Et selon le député, la réforme vient « accélérer tout cela ». Mais l’élu LR alerte sur le fait que la décision des Sages « n’annule pas la colère des Français, n’annule pas la crise sociale et politique dans laquelle notre pays se trouve depuis plusieurs semaines« . Selon Ian Boucard, « la seule façon de sortir de cette crise est de redonner la parole aux Français. Le plus facile étant par un référendum sur cette réforme qui divise profondément notre société ».

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