Alors qu’un nouveau projet de loi « immigration » doit être examiné début 2023, le député du Calaisis durcit le ton. Entre 2018 et 2020, le député Pierre-Henri Dumont a mené une mission d’évaluation des coûts et bénéfices de l’immigration en matière économique et sociale. Durant cette mission, il a abordé la question des métiers en tension.
Article par Nord Littoral : https://www.nordlittoral.fr/158489/article/2022-11-19/le-depute-du-calaisis-pierre-henri-dumont-refuse-la-regularisation-massive-des
Article de Julien Pouyet
Pierre-Henri Dumont s’agace. En pleine campagne interne pour la présidence de son parti Les Républicains mais surtout à quelques semaines de l’examen d’un nouveau projet de loi « immigration », il prévient : « Le gouvernement a annoncé sa volonté de massivement régulariser des clandestins qui travaillent dans les métiers en tension. À l’heure où notre pays compte plus de 5 millions de chômeurs et n’arrive pas à intégrer convenablement les étrangers qui arrivent, cette proposition est inacceptable », déclarait-il en marge d’une question posée au gouvernement sur ce sujet il y a quelques jours.
Les ministres de l’Intérieur Gérald Darmanin et du Travail, Olivier Dussopt, ont dévoilé, dans un entretien au journal Le Monde, le contenu du texte qui doit être débattu début 2023. Ils proposent notamment « de créer un titre de séjour métiers en tension » c’est-à-dire pour les travailleurs irréguliers dans un secteur en manque de main-d’œuvre.
Pour Gérald Darmanin, il ne s’agit pas d’une régularisation massive. Le ministre veut renforcer les exigences d’intégration d’une part « par la langue et les valeurs avec une maîtrise du français qui conditionnera la délivrance des titres de séjour », d’autre part, « par le travail, qui devra être la pierre angulaire d’une intégration réussie sur notre territoire. » Il a également précisé qu’il faciliterait la vie de « ceux qui veulent s’intégrer, qui travaillent et qui respectent la République, par exemple avec le renouvellement automatique des titres pluriannuels des étrangers qui ne posent aucun problème et qui n’ont aucun casier judiciaire. »
Mais le député Pierre-Henri Dumont y voit autre chose : une « solution de facilité qui évite de comprendre pourquoi nous avons tant de chômeurs et pourtant tant de postes vacants », qui « encouragera l’immigration légale et illégale », et qui pourrait provoquer un «appel d’air» via un « afflux de migrants dans notre pays sans pouvoir leur offrir des réelles conditions dignes d’accueil et d’intégration. »
Une mission et un rapport sur l’immigration et les métiers en tension
« Le gouvernement veut plus de migrants. Nous en voulons moins. Nous voulons passer d’une immigration familiale subie et sous qualifiée à une immigration choisie et surqualifiée, créatrice de richesses », conclut Pierre- Henri Dumont.
Le conseiller municipal de Marck et d’Agglomération de Grand Calais prend régulièrement la parole sur ces questions qui touchent directement le territoire du Calaisis. Entre 2018 et 2020, durant son précédent mandat de député, il avait mené une mission d’évaluation des coûts et bénéfices de l’immigration en matière économique et sociale. Cette mission avait abouti à un rapport et à 22 propositions (https://www.assemblee- nationale.fr/dyn/15/rapports/cec/l15b2615_rapport-information) pour « améliorer les statistiques sur la population immigrée, simplifier la procédure d’autorisation de recrutement des travailleurs étrangers, et améliorer le niveau de qualification et d’employabilité des immigrés déjà présents sur le territoire. »
Cette mission s’était déjà intéressée aux métiers en tension et à l’immigration (https://www2.assemblee- nationale.fr/content/download/231583/2274005/version/1/file/Power +sans+commentaire.pdf). Considérant que « de nombreuses entreprises (avaient) des difficultés de recrutement (en particulier dans l’artisanat) », elle proposait de « mieux répondre aux besoins du marché du travail », en établissant notamment « un recensement des métiers en tension actualisé chaque année, après avis d’une instance d’experts indépendants placée auprès du ministre de l’intérieur », et en organisant « un débat annuel au Parlement sur les objectifs de recrutement de travailleurs étrangers sur la base du rapport de cette instance. »
« L’immigration accroît à long terme le PIB par habitant, notamment grâce à la complémentarité des compétences entre natifs et immigrés et la diversité des origines. En France, la faible qualification et le faible taux d’emploi des immigrés minorent cet impact par rapport à des pays qui valorisent mieux une immigration plus qualifiée », peut-on encore lire dans la synthèse (https://www2.assemblee- nationale.fr/content/download/231587/2274069/version/1/file/CEC+i du rapport de cette mission.