Ses ambitions intactes, le président de la région Hauts-de-France prépare 2027.
Article de Emmanuel Galiero
Article par Le Figaro : https://www.lefigaro.fr/politique/xavier-bertrand-creuse-son-sillon-20220715
CAP sur 2027. La prochaine élection présidentielle est encore loin mais les écuries à droite s’organisent et Xavier Bertrand s’affiche déjà en présidentiable déterminé. Le président des Hauts-de-France s’invite sur une scène où Laurent Wauquiez, président d’Auvergne-Rhône-Alpes est aussi attendu. À cinq ans de l’échéance, les deux figures régionales des Républicains sont perçues comme celles d’un duel probable. «Nous verrons “step by step”. Il y a de nombreuses épreuves à passer mais tout est ouvert», avance-t-on prudemment chez Xavier Bertrand où, malgré les incertitudes liées à l’évolution du parti LR, les choses s’organisent néanmoins avec méthode et résolution.
«Empêcher la victoire des extrêmes continuera à être mon combat pour les années qui viennent», a dit Xavier Bertrand mercredi, dans un entretien accordé au Point où il s’érige en rempart contre Marine Le Pen qu’il refuse de voir imposer «une Nupes à droite». Cherchant à incarner le renouvellement, l’élu s’affiche également en soutien d’une «nouvelle génération» et cite les noms d’Aurélien Pradié, Virginie Duby-Muller, Julien Dive et Pierre-Henri Dumont. «Reconnaissons que la droite ne parle plus à grand monde», ajoute-t-il au fil d’un entretien où il invite les députés LR à «ne pas être dans le camp des bloqueurs», précise qu’il ne fera pas partie de la majorité présidentielle «ni aujourd’hui, ni demain» et analyse son échec personnel lors de la dernière primaire à droite comme le résultat «sans doute» d’une impréparation.
Si Xavier Bertrand fait observer lui-même que l’échéance 2027 est lointaine, beaucoup observent ses mouvements comme les signaux clairs d’une ambition retrouvée. Aujourd’hui, il n’est plus question de quitter la vie politique, comme il l’avait laissé entendre durant sa campagne en cas d’échec à la primaire. Xavier Bertrand s’est remis en selle et ses équipes sont sur le pont.
«Nous France» revendique 5000 adhérents
Une visioconférence dimanche dernier, un lancement programmé fin septembre dans les Hauts-de-France sous la forme d’un campus de mobilisation, la structuration d’un parti politique sous le slogan rassembleur de «Nous France», une campagne d’adhésions ouverte à tous… L’été sera chaud pour la machine Bertrand. «On a un leader qui force l’admiration. Sa façon de remonter à cheval, son envie de redémarrer avec ses amis. Il n’a renoncé à rien…», s’enthousiasme Bernard Deflesselles. Depuis son poste de secrétaire général du mouvement, l’ex- député des Bouches-du-Rhône loue la détermination d’un homme avec lequel il partage «vingt-cinq ans d’amitié et une vision commune». «Notre objectif est de structurer une offre politique de la droite et du centre, républicaine, populaire, humaniste et juste», explique-t-il. «Nous France» veut être un «vrai» mouvement politique associé à LR dans le prolongement de la «Manufacture». Deflesselles assure d’ailleurs que Bertrand, «gaulliste de cœur», veut rester dans «sa famille». Le candidat malheureux du dernier congrès LR, arrivé en 4e position derrière Pécresse, Ciotti et Barnier, s’est engagé pleinement dans les dernières campagnes LR. «Il a montré une belle résilience et une grande dignité. Il s’est engagé à 120 % derrière Pécresse et il a mouillé la chemise ensuite aux législatives, en assurant plus de 55 déplacements», souligne-t-on parmi les siens.
Selon eux, Xavier Bertrand bâtit «Nous France» pour incarner la droite sociale au sein des Républicains même s’il observe leur avenir avec inquiétude parce qu’il est convaincu qu’ils sont devenus une proie. «Si l’on veut reconquérir le cœur des Français, il faut revoir de fond en comble le logiciel de la droite, arriver à refaire nation et trouver un nouvel humanisme. Cela s’inscrit forcément dans la durée», soutient le secrétaire général chargé de structurer le mouvement en quatre pôles: animation (territoires, élus, collectifs…), idées (thèmes, expertises, prospectives), organisation (financement, agenda, déplacements) et communication (médias, veilles etc.). «Nous France» compte une quinzaine de collectifs thématiques animés par un délégué et un secrétaire général. Après une rencontre distancielle organisée avec les militants sur Zoom dimanche soir (le parti revendique 5000 adhérents), le nouveau parti va s’appliquer à consolider son maillage territorial, sachant que 13 délégués régionaux sont déjà mentionnés sur le site internet du mouvement.
On retrouve, par exemple, Vincent Chriqui en Auvergne-Rhône-Alpes (ex-directeur de campagne de François Fillon et maire de Bourgoin-Jallieu), Alain Cadec en Bretagne (sénateur), Jean-Pierre Door dans le Centre-Val-de-Loire (ex-député du Loiret), Valérie Debord dans le Grand Est (vice-présidente de la région), Sophie Gaugain en Normandie (1re vice-présidente régionale), Pascal Coste en Nouvelle- Aquitaine (président de la Corrèze) ou encore François Durovray en Île-de-France (président de l’Essonne). Dans la région francilienne, ce dernier est notamment chargé de prospecter le monde des idées. Des rencontres sont programmées la semaine prochaine, avec deux premières thématiques dans le viseur: l’aggravation de la crise démocratique et la question écologique. «Les premiers contacts sont plutôt rassurants. Je n’ai pas reçu un seul refus et en général, les gens sont plutôt agréablement surpris», confie François Durovray. Pour l’élu départemental, la «vraie force» de Xavier Bertrand réside dans sa «capacité à s’adresser à ceux qui ont le sentiment de disparaître sur le plan économique». Il le juge le mieux placé pour ramener les électeurs de droite partis chez Macron. Et il le croit d’autant plus qu’en 2027, le président de la République «ne sera plus candidat».