« La campagne ne peut pas se résumer à des appels avec les dirigeants de ce monde et une réunion chez Karl Olive [le maire de Poissy] », a taclé le président de la région Hauts-de-France et soutien de Valérie Pécresse, faisant référence au premier déplacement de candidat très millimétré d’Emmanuel Macron, lundi 7 mars.
Si Emmanuel Macron ne souhaite pas être confronté à onze contradicteurs simultanément, peut-être acceptera-t-il de débattre tour à tour avec quatre candidats ? C’est ce qu’a prôné Xavier Bertrand, invité sur RTL, mercredi 9 mars. L’ancien candidat à l’investiture du congrès des Républicains (LR) et désormais soutien de Valérie Pécresse a proposé au président candidat de tenir quatre débats d’ici au premier tour de l’élection présidentielle, le 10 avril, avec chacun des quatre autres candidats les mieux placés dans les sondages.
« Je veux bien comprendre qu’un débat à douze ce [ne soit] certainement pas facile », a convenu M. Bertrand sur RTL, alors que le chef de l’Etat a balayé, lundi, l’idée d’un tel débat, qui se réduirait à « une foire d’empoigne », selon le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.
Pour M. Bertrand, conseiller de Mme Pécresse sur le travail et les territoires, « notre pays a besoin de confrontation ». « Il n’y a pas eu de véritable confrontation en 2017 [à cause de l’affaire Fillon], a-t-il regretté. Mais il y a aujourd’hui trois ou quatre candidats qui peuvent être au second tour. (…) Il y a quatre semaines [avant le premier tour], pourquoi ne pas accepter un débat avec chacun des candidats : M. Macron contre Valérie Pécresse, M. Macron face à M. Zemmour, face à M. Mélenchon, face à Mme Le Pen ? »
Selon la dernière enquête Ipsos-Sopra Steria pour « Le Monde », M. Macron apparaît largement en tête avec 30,5 % d’intentions de vote, tandis que Marine Le Pen (Rassemblement national, 14,5 %), Eric Zemmour (Reconquête !, 13 %), Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise, 12 %) et Valérie Pécresse (LR, 11,5 %) semblent dans un mouchoir de poche pour accéder au second tour.
« Le réveil serait terrible »
« La campagne ne peut pas se résumer à des appels avec les dirigeants de ce monde et une réunion chez Karl Olive [le maire de Poissy] », a-t-il taclé, faisant référence au premier déplacement de candidat très millimétré de M. Macron dans les Yvelines. « On ne peut pas avoir une élection qui serait une forme de prolongation, le réveil serait terrible », a-t-il estimé.
Selon le président de la région des Hauts-de-France, « les circonstances ne sont aujourd’hui absolument pas les mêmes »qu’en 2012, lorsque Nicolas Sarkozy n’avait pas débattu avec ses adversaires du premier tour. « On est un pays en ébullition depuis des années et des années, et la situation actuelle, les inquiétudes – la guerre en Ukraine, le pouvoir d’achat, la sécurité –, tout cela fait que les Français aujourd’hui ont besoin de clarté et de débat », a-t-il plaidé. « C’est aussi M. Macron (…) qui disait “sortez des codes, cassez les codes, prenez des risques, innovez”. »
« L’Etat du pays est calamiteux »
En difficulté dans les sondages depuis plusieurs semaines, la candidate LR a regretté, mercredi sur France 2, que « la guerre en Ukraine écrase tout ». « Elle écrase cette campagne et le débat démocratique qui devrait avoir lieu sur l’état de la France », a-t-elle déploré, estimant qu’il y a aujourd’hui « un réflexe légitimiste vis-à-vis du président de la République ». Mais Mme Pécresse prévient, « il faut absolument que cette campagne ne soit pas dérobée aux Français ».
« Parce que derrière la crise en Ukraine, derrière la nécessité d’avoir une responsabilité vis-à-vis de Vladimir Poutine (…), il y a aussi l’état du pays qui est calamiteux avec un bilan d’Emmanuel Macron qui n’est pas bon », a poursuivi la candidate.
Pour la présidente de la région Ile-de-France, les thèmes qu’elle porte – « redonner de la liberté aux entreprises, redonner de la dignité par le travail, remettre de l’ordre dans la rue, rebâtir les services publics, l’école, la santé » – sont « des sujets qui sont en train de passer au deuxième plan » à cause de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.