Le président du département s’inquiète des déséquilibres, notamment financiers, générés par la crise sanitaire
Article par Le Nouvel économiste : https://www.lenouveleconomiste.fr/vers-de-nouvelles-solidarites-entre-lile-de-france-et-les-autres-regions-91650/
Article de Fabien Humbert
Pour François Durovray, le président LR du conseil départemental de l’Essonne, il est temps de tirer les leçons de la pandémie et de constater que, si la reprise est bien là, elle n’est pas aussi forte qu’escomptée, notamment pour les commerçants du département.
Cependant, certains secteurs s’en sont mieux sortis que d’autres. « Les métiers de bouche ont tiré leur épingle du jeu durant les périodes de confinement ou de télétravail forcé, et certains me disent ouvertement qu’ils n’ont jamais fait une aussi bonne année qu’en 2021, analyse celui-ci. Mais depuis le début de l’année 2022,. la tendance est retombée à cause de la hausse du prix de l’énergie et des matières premières. »
L’écart se creuse entre les populations
Autre révolution à bas bruit à mettre au crédit de la pandémie: un afflux d’habitants en provenance de Paris et de la première couronne. « Ces populations qui viennent s’installer chez nous ont un fort pouvoir d’achat, raconte François Durovray. Elles ne négocient pas forcément les prix à l’achat d’un logement, ce qui tire à la hausse le marché de l’immobilier, et provoque un phénomène d’éviction des Essonniens qui vont s’établir hors de la région. »
En revanche, ces nouveaux venus font davantage fonctionner les commerces de centre-ville que les centres commerciaux, et ils dépensent plus. La pandémie a aussi provoqué une augmentation des dépenses liées au RSA. « Nous voyons arriver plutôt des femmes seules avec des enfants qui ont droit à une allocation plus élevée que le RSA socle, prévient Francois Durovray. On le ressent dans les depenses et dans notre budget. »
Le RSA est devenu l’an dernier le premier budget du département avec près de 200 millions d’euros dépensés, et 60 millions d’allocations de plus à verser depuis 2017.
Repenser la solidarité entre régions
C’est une des spécificités de la crise née de la pandémie de Covid-19. Contrairement à la crise financière de 2008, l’Ile-de France a beaucoup plus souffert que les autres régions, et peine à retrouver le niveau d’emploi d’avant-crise.
Au contraire, certains départements, comme ceux de la côte Atlantique et de la Côte d’Azur, se portent à merveille. « Ils ont vu les recettes tires des droits de mutation [taxe perçue par le notaire au moment d’un achat immobilier, pour le compte de l’État et des collectivités locales, ndlr] augmenter de 50 % en 2021, alors qu’en lle-de-France ils n’ont augmenté que de 10 %« , analyse le président de l’Essonne. Une situation qui pourrait à terme faire évoluer les mécanismes de solidarité qui existent entre les régions françaises.
En effet, en 2021, une étude dirigée par Hakim-El-Karoui avait montré que la région capitale générait 31 % du PIB français, mais qu’elle n’en conservait que 22 % des revenus. « Désormais, ce serait presque à la province d’aider l’Ile-de-France; en tout cas si ces tendances persistent, il va falloir réfléchir à ces nouvelles dynamiques de territoire, prévient François Durovray. Les départements de la côte Atlantique et de la Méditerranée devraient se rappeler qu’ils font partie d’un ensemble qui s’appelle la France, et être solidaire ». Car pour la première fois l’Ile-de-France a des fragilités plus fortes que la province.