En visite dans l’île ce jeudi, la candidate Les Républicains à la présidentielle Valérie Pécresse et son mousquetaire Xavier Bertrand ont notamment rendu hommage à Claude Érignac et rencontré Gilles Simeoni. Retour sur une visite au pas de course. Entre recherche de soutien et discussion sur le statut de la Corse.
Article par France 3 Région Corse ViaStella : https://france3-regions.francetvinfo.fr/presidentielle-2022-valerie-pecresse-en-campagne-en-corse-2447169.html
Article de A.S (avec D.M. et Y.B.)
Une visite au pas de charge et au timing serré.
Jeudi 3 février, Valérie Pécresse était en campagne présidentielle en Corse. Après avoir passé la nuit de mercredi sur le porte-avions Charles de Gaulle au large des côtes de l’île, la candidate Les Républicains s’est recueillie en fin de matinée sur la place Claude-Érignac, à Ajaccio.
Accompagnée de Xavier Bertrand, qu’elle avait devancé lors de la primaire interne de la droite en décembre, celle qui est également présidente de la région Île-de-France a déposé une gerbe de fleurs en hommage au préfet assassiné il y a 24 ans.
Dans la foulée, face aux journalistes, c’est avec le costume de présidentiable qu’elle s’est exprimée sur le rapprochement des prisonniers du « commando Érignac » : « L’assassinat du préfet Érignac a été une tragédie pour la Corse, pour la République et pour tous les Français. Aujourd’hui, il y a effectivement cette demande de rapprochement des prisonniers. Dans les mois qui viennent, il y aura des décisions de justice. Moi, présidente de la République, je respecterai l’indépendance de la justice. Dans ce dossier, il n’y aura aucune instruction individuelle donnée par le président de la République aux juges ; c’est contraire à mon éthique. Je respecterai les décisions qui seront rendues. »
Déjeuner dans la vieille ville
Depuis la rue Colonel Colonna d’Ornano, la délégation composée de personnalités locales de la droite a ensuite pris la direction de la vieille ville ajaccienne. Une déambulation dans les rues du San Carlu marquée par une halte devant la maison Bonaparte avant de rejoindre un restaurant près de la citadelle.
Autour de la table, on note la présence du député de Corse-du-Sud Jean-Jacques Ferrara, de Valérie Bozzi, Camille de Rocca Serra ou encore Chantal Pedinielli. Originaire de Ghisoni, le conseiller régional d’Île-de-France Pierre Liscia a quant à lui effectué le voyage depuis Paris.
Le monde de l’entreprise insulaire est également représenté avec Jean-Louis Albertini. « Nous avons été conviés dernièrement à participer à ce déjeuner où Madame Pécresse souhaitait s’entretenir avec le monde économique dont nous faisons partie, indique le président du Medef de Corse récemment élu. Ça a été l’occasion d’exposer nos préoccupations d’un point de vue économique sur la situation critique des entreprises. »
Faut-il y voir là un éventuel positionnement du Medef en faveur de la candidate de la droite ? « Le mouvement patronal est au service de l’économie en général, répond Jean-Louis Albertini. Nous rencontrerons tous les candidats qui désireront discuter des préoccupations auxquelles nous sommes actuellement confrontés. »
Rencontre avec Gilles Simeoni
Organisée quelques jours après l’annonce du soutien de Laurent Marcangeli à Emmanuel Macron, la visite de la candidate LR – aux origines corses – n’a pas fait escale à la mairie d’Ajaccio.
En revanche, Valérie Pécresse a été reçue dans l’après-midi par Gilles Simeoni à l’hôtel de Région. Une rencontre à huis clos durant laquelle elle s’est d’abord entretenue seule avec le président du Conseil exécutif, tous deux ayant été ensuite rejoints par Marie-Antoinette Maupertuis (Présidente de l’Assemblée de Corse) et Xavier Bertrand. Le président de la région Hauts-de-France est un habitué de la Corse et notamment de la Balagne.
Si les médias ont été tenus à l’écart des discussions, il semblerait bien que les relations entre l’État et l’île aient été abordées. Et notamment la question de l’autonomie : « Ça ne me choquerait pas de donner un pouvoir réglementaire à toutes les régions qui le souhaiteraient, a confié Valérie Pécresse à sa sortie de l’hôtel de Région. Je ne suis pas hostile à ce qu’il y ait un pouvoir réglementaire conféré aux régions dans le cadre des grandes lois de décentralisation que je veux porter. »
La candidate de la droite a néanmoins rappelé son opposition à la co-officialité de la langue corse et au statut de résident. « Cela porterait atteinte pour moi à l’indivisibilité de la nation. En revanche, sur la question des langues régionales, je suis très attachée à leur diffusion et à leur enseignement parce que c’est nos racines, nos terroirs et nos territoires. Je crois qu’on doit pouvoir se doter d’un enseignement qui permette la transmission de ces langues régionales. »
« J’ai dit à la candidate Valérie Pécresse qu’il fallait prendre en compte le vote réaffirmé et massif des Corses, l’expression du suffrage universel et qu’il fallait que le prochain mandat présidentiel soit celui d’une solution globale« , a déclaré Gilles Simeoni à notre micro.
Réunion publique à Ghisoni
La visite ajaccienne de Valérie Pécresse s’est ensuite achevée par une table ronde à l’hôpital de la ville. Elle y a rencontré des soignants ayant dressé un constat sévère vis-à-vis des précédents gouvernements. Urologue à la Miséricorde, Sylvain Ducrocq et ses confrères ont porté le message suivant : « Nous lui avons dit que nous manquions de soignants et de médecins qui ne sont pas formés en France. Il nous en manque, ils sont tous débordés. La crise du Covid n’a fait qu’exacerber cette situation qui était déjà très tendue. On a besoin de revaloriser les carrières à l’hôpital si l’on veut avoir une médecine de qualité dans les hôpitaux. Il nous faut aujourd’hui un vrai Ségur de la Santé. »
En fin de journée, la candidate LR a pris la direction du nord pour rejoindre Ghisoni, village dont est originaire Pierre Liscia, membre de son équipe de campagne.
Arrivée vers 19h15, Valérie Pécresse a pris la parole devant quelque 250 personnes, dont de nombreux militants et élus de la droite insulaire, parmi lesquels Françoix-Xavier Ceccoli. Le maire de San Giuliano dresse le bilan de cette journée : « Bien sûr, on a un parti pris et nous serons ses élécteurs, reconnaît le président de la Fédération LR de Haute-Corse, mais je trouve qu’elle a su parler aux gens et nouer un lien presque affectif. D’aucuns lui reprochent souvent un manque d’empathie, moi je n’ai pas trouvé aujourd’hui que ce soit le cas. Je trouve que sa venue à Ghisoni est une réussite à ce niveau-là. »
Une étape dans le rural qui conclut une journée marathon dont le résultat se vérifiera dans les urnes au soir du 10 avril prochain, date du premier tour de ce scrutin présidentiel.
Dans l’île, lors de l’élection de 2017, le candidat LR François Fillon avait réalisé le deuxième meilleur score du premier tour (25,52% des voix), derrière Marine Le Pen (27,88%).