Discours de Chinon

 

Mesdames et Messieurs,

Les commémorations du 25 août 1944 prennent, dans votre région, un tout autre sens qu’ailleurs en France.

Ce 25 août 1944, la 2ème DB du général Leclerc libère Paris et reçoit, avec le colonel Rol-Tanguy, la capitulation des troupes d’occupation de la capitale. Ce 25 août 1944, le général de Gaulle, porté par l’histoire, est à l’hôtel de ville. Mais ce même jour, les troupes allemandes sont dans Maillé, à quelques kilomètres d’ici.

 


La Résistance y a saboté, à plusieurs reprises, la ligne ferroviaire, une escadrille alliée y a bombardé un convoi militaire, les FFI ont fait plusieurs victimes parmi les troupes allemandes.

Les soldats nazis ont bouclé le village au petit matin.

Et, la tuerie commence. A la baïonnette, à bouts touchant, avec des balles explosives, ils massacrent hommes, femmes, enfants, vieillards.

Ils s’abattent ici sur le petit Hubert Ménanteau, à peine âgé de 3 mois, là sur Monique Creuson qui n’a pas un an et demi, massacrés devant leur mère ou sur le cadavre de celle-ci. Avec la même folie meurtrière, ils s’en prennent à Magdeleine Bruneau, qui, bientôt, devait fêter ses 90 ans.

Ce sont 124 âmes sur les 500 habitants qui rejoindront le martyr des 643 villageois d’Oradour-sur-Glane, massacrés quinze jours avant par les SS.

Contrairement à Oradour, Maillé a choisi de se reconstruire, de laisser la vie y revenir.

Longtemps, la commune assassinée a été injustement ignorée, jusqu’à ce 25 juin 2008 où le Président Sarkozy lui a rendu le juste hommage de la Nation.

Il était important pour moi d’assister, ce matin, aux commémorations à la mémoire de nos 124 concitoyens victimes de la barbarie nazie.

Je remercie le maire de Maillé, Bernard Eliaume, de m’avoir invité à participer à cette cérémonie du souvenir.

 

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Ici, en ces terres de la douceur de vivre, on prend tout particulièrement la mesure du mal absolu, de ce qui échappe à toute raison.

A Maillé, à Oradour, à Auschwitz, dans tous ces lieux où le silence a succédé à l’horreur, on éprouve le même vertige, la même révolte. On se pose la même question : le pire demeure-t-il tapi au tréfonds de l’Homme ?

Comment le soldat allemand, le père de famille, le fiancé, le fils, a-t-il pu devenir bourreau, massacrer des nouveau-nés, des enfants, des femmes, des anciens sans penser aux siens, sans se dire qu’ils partageaient la même humanité.

Avec une immense grandeur d’âme, les victimes de l’impensable nous ont poussé à y réfléchir. Je pense à des grandes figures comme Simone Veil. Elles nous ont fait comprendre que le mal ne réside pas dans l’homme mais dans les idéologies de mort.

Ces hautes figures, celles de la génération de la guerre, ont vécu l’indicible ; elles ont éclairé notre chemin.

 


Il faut combattre sans merci les idéologies de mort, comme il faut poursuivre et punir les bourreaux.

Mais il ne faut pas répondre à l’horreur par l’amalgame, stigmatiser des peuples ou des croyances, cesser de croire en l’homme.

Il n’y a pas d’Hommes, il n’y a pas de religions, prédestinés au mal.

C’est ainsi que nos pères ont fait le choix de la réconciliation franco-allemande. Elle nous a apporté la paix. Elle est essentielle pour notre avenir.

 

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Ce combat pour la paix, ce combat pour nos valeurs impose de toujours se souvenir des sacrifices et des martyrs de nos pères, comme nous l’avons fait ce matin à Maillé.

Le devoir de mémoire permet de réfléchir sur notre histoire, de nous comprendre.

Pétain, en collaborant avec cette idéologie de mort qu’était le nazisme, a fait le choix du déshonneur et jusqu’au pire, de la collaboration à la Shoah.

Au contraire, la grandeur du général de Gaulle a été de mesurer que la guerre serait mondiale et qu’avant d’être militaire, elle était morale. Qu’elle était politique au sens le plus noble du terme, que ce qui était en jeu était la civilisation et que seule une victoire totale pouvait la sauver.

La prétendue théorie du glaive et du bouclier, que l’on a vu, ces derniers temps, ressurgir du néant est une injure à la vérité et à la France.

Vichy n’a apporté que du mauvais, que du malheur, que du déshonneur.

Vichy ne dit rien de l’âme française.

L’âme française, c’est celle des Justes, de la Résistance et de la France Libre.

Et je veux rendre hommage au Président Chirac qui, par la force des mots, dans son discours du Vel-d’hiv, a su dire le vrai sur l’Occupation et créer les conditions du rassemblement de la Nation.

 

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L’exigence de responsabilité que nous devons à nos morts comme à nos enfants doit nous conduire à bien mesurer les dangers du temps présents, à être pleinement lucides sur le combat engagé par l’islamisme radical contre notre civilisation.

 


Car l’islamisme radical n’est pas une religion. Ce serait faire injure aux musulmans que de voir la moindre continuité entre cette idéologie meurtrière et l’islam.

L’islamisme radical est une idéologie politique, une idéologie de mort. Sa finalité est d’abattre la civilisation occidentale et ses valeurs, d’abattre tout ce qui nous est cher : la primauté du droit et notamment de celui des femmes, la liberté de conscience, la liberté de choisir sa vie, de choisir qui l’on aime.

La progression de l’islamisme dans le monde nous concerne directement.

Ce qui se passe en Afghanistan n’est pas une guerre civile à l’autre bout du monde, mais engage nos valeurs et notre avenir. Là-bas se joue une part de la sécurité dans nos rues. Les attentats du 11 septembre ont été rendus possibles grâce à la base arrière terroriste afghane, ceux de 2015 grâce à celle de l’état islamique.

 


Je veux le dire avec force, pas question de nouveau Munich diplomatique, car les Talibans n’ont, en aucun cas, changé.

Ne faisons pas au Sahel, la même erreur que les Américains en Afghanistan. Répondant à la demande des pays concernés, la France se doit de continuer, avec l’aide des européens, à y assumer ses responsabilités.

 


C’est là-bas que se joue la stabilité de l’Afrique sub-saharienne et du Maghreb.

C’est là-bas, grâce au sacrifice et à la bravoure de nos soldats, que l’on prévient le risque d’une explosion dramatique du Sahel et d’une immense vague de réfugiés en Europe.

C’est là-bas aussi que se joue la sécurité de la France et des Français.

Il faut aussi combattre l’islamisme radical chez nous.

 


Le moment est venu d’interdire cette idéologie politique, terroriste, qui nous fait la guerre.

Je ne tomberai pas dans le piège des islamistes, qui entretiennent à dessein la confusion entre leur idéologie politique et la religion musulmane. L’immense majorité de nos compatriotes de confession musulmane souhaite vivre leur religion en paix et aspire à ce que, tous ensemble, nous combattions fermement l’islamisme.

La grande majorité des fédérations représentatives des musulmans a approuvé la Charte qui consacre la compatibilité de leur pratique avec les principes de la République.

Mais sur internet ou dans des mosquées, d’autres prêchent un islamisme de combat contre les droits des femmes, contre nos compatriotes de confession juive, contre la liberté de choisir sa vie amoureuse, contre une certaine forme de civilité entre les individus, contre notre art de vivre, bref contre ce qui fait l’identité de notre pays.

Je veux dissoudre les associations qui se réclament de ces idéologies mortifères, en particulier du salafisme, fermer les mosquées qui les diffusent, condamner pénalement les Français qui les propagent, et expulser ceux qui sont étrangers, qu’ils soient ou non en situation régulière.

Ils n’ont pas leur place chez nous. Ces attaques contre nos valeurs sont contraires à tout ce qui fait la France.

*

L’exigence de lucidité et de responsabilité rejoignent une attente profonde des Français : demeurer, redevenir nous-mêmes.

Car les demandes de repentance, la critique permanente, le pessimisme, l’absence de foi dans notre pays ne cessent de gagner du terrain. Ils ne cessent de corroder notre unité et notre ambition nationale.

Pour les indigénistes, pour les tenants de ce que l’on appelle la culture woke, la France continuerait – on croit rêver ! – à obéir à une logique néocoloniale, les discriminations, les injustices, seraient partout.

La France n’a ni à rougir de son histoire, ni à douter de ses valeurs.

On peut débattre de tout.

Bien sûr, beaucoup est encore à faire.

Mais la France peut s’honorer d’être l’un des pays les plus justes et solidaires au monde.

A la France, il faut d’abord dire merci !

Il y a aussi les déclinistes de tous bords. Pour eux, la France serait perdue, sans âme, sans identité, sans projet.

Mais enfin, la France, avec moins de 1% de la population mondiale est la 5ème puissance mondiale !

Bien sûr, nous ne devons pas nous laisser distancer. Le destin de la France est d’être au premier rang des grandes Nations du monde.

Toute notre histoire en témoigne, la France n’est jamais aussi exceptionnelle que lorsqu’elle fait face à des défis considérables.

Où mieux qu’à Chinon pouvons-nous toucher du doigt cette force intérieure française ?

Ici, Jeanne d’Arc, portée par le plus beau des sentiments, l’espérance, y avait rejoint Charles VII.

Jeanne incarne ce mot magnifique de patriotisme, la fierté farouche que doit nous inspirer notre grand pays et le devoir de le servir, sans calcul, sans retenue, de tout son cœur.

Chinon, c’est, bien sûr, aussi la ville de Rabelais, de son humanisme, de sa foi dans l’homme et dans sa capacité à s’élever.

Mes chers concitoyens, il n’est que temps, pour reprendre les mots du Général de Gaulle, de viser haut et de se tenir dro

Il est temps de relever la tête.

Vive la République et vive la France.

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